Conférence spécialisée
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A l’occasion de la visite du Président de la Konrad-Adenauer-Stiftung et Membre du Parlement européen, Dr. Hans-Gert Pöttering, et du Secrétaire général de la fondation, Dr. Gerhard Wahlers, la fondation a organisé, en partenariat avec l’Association Ribat Al-Fath pour le Développement durable, leur huitième rencontre scientifique internationale annuelle autour du thème des relations entre le Maroc et l’Union européenne face aux transformations sociopolitiques du « Printemps arabe », les 18 et 19 juin à Rabat.
L’événement était sous le Haut Patronage de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI.
Dans leurs allocutions d’ouverture, Abdelkrim Bennani, Président de l’Association Ribat Al-Fath pour le Développement durable, Dr. Helmut Reifeld, Représentant résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung au Maroc et Sabine Bloch, Chargée d’affaires à l’Ambassade d’Allemagne, ont souligné l’importance du travail des associations, notamment des fondations politiques allemandes, dans la consolidation du dialogue et l’amélioration de la compréhension mutuelle entre les deux rives de la Méditerranée.
Lors de son intervention, l’ancien président du Parlement européen a souligné toute l’importance de l’Union européenne en tant que communauté de valeurs ; des valeurs qu’il considère partagées et défendues tant par le Christianisme que par l’Islam. De ce fait, l’avenir de la relation entre Union européenne et Maroc doit se construire, non seulement sur la notion de tolérance, mais également sur un ensemble d’intérêts que les deux parties ont en commun, comme la mise en place d’une économie sociale de marché. En prenant l’exemple de l’Allemagne et de la politique « de responsabilité chrétienne » défendue par son parti, la CDU (Union Chrétienne Démocrate), M. Pöttering plaide pour une politique « de responsabilité islamique » et non une politique du Coran.
Du point de vue marocain, cette relation doit être approfondie. Youssef Amrani, Ministre délégué aux Affaires étrangères souligne ce besoin et met en évidence la volonté politique du Maroc d’aller dans ce sens. Il a également souligné la nécessité de redynamiser et d’intégrer les projets régionaux au sein du nouveau partenariat. Des projets tels que l’UPM (Union pour la Méditerranée) et l’UMA (Union du Maghreb Arabe) ont un véritable potentiel non seulement économique mais également politique.
La rencontre a été marquée par l’intervention spontanée d’Abdelilah Benkirane, Chef du Gouvernement marocain. Après avoir mis en évidence l’importance de la relation entre l’Union européenne et le Maroc, il a insisté sur la nécessité pour un pays de pouvoir suivre son propre rythme sans être pressé par ses partenaires, aussi bonnes soient leurs intentions.
Le besoin d’un renouveau au sein de la relation entre le Maroc et l’Union européenne a également été soulevé par Eneko Landaburu, Représentant de la Délégation de l’Union européenne auprès du Maroc. Suite aux transformations liées au « Printemps arabe », l’Union doit revoir son approche vis-à-vis du Maroc, mais également vis-à-vis du monde arabe en général, si elle veut pouvoir accompagner activement ses développements futurs. Cette nouvelle forme d’accompagnement se traduirait notamment par un soutien financier conditionné par le climat politique du pays en question.
L’intérêt stratégique du Maghreb et plus particulièrement du Maroc pour l’Union européenne a également été abordé dans les présentations de Tawfik Mouline, Directeur général de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) et Rachid El Houdaigui, Professeur de droit à l’Université Abdelmalek Essaadi que ce soit d’un point de vue économique ou d’un point de vue sécuritaire.
Economiquement, le « Printemps arabe » a eu des conséquences négatives sur la santé des relations entre Union européenne et Maroc : on constate en effet un recul des IDE (Investissements Directs l’Etranger) provenant de l’Union européenne. Malgré une certaine instabilité régionale et la crise de la dette souveraine en Europe, l’Union ne doit pas mettre fin à l’accompagnement économique du Maroc. Au contraire, M. Mouline est d’avis qu’il est dans l’intérêt de l’Union européenne de s’engager dans des relations économiques plus poussées avec le Maroc. En effet, si l’on n’adresse pas les problèmes actuels tels que la corruption ou le chômage, il se pourrait que ces problèmes aient des conséquences désastreuses pour l’avenir des relations et des intérêts de l’Union dans la région.
De la même façon, il est dans l’intérêt de l’Union européenne de renouveler sa stratégie sécuritaire vis-à-vis du Maroc et du Maghreb, dans le cadre de la PESC (Politique Etrangère de Sécurité Commune) notamment, pour l’orienter vers une plus grande intégration afin d’assurer la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord. Cette intégration plus poussée doit passer par l’identification d’intérêts communs pour aboutir à une politique étrangère commune, plus particulièrement dans les domaines de la prévention et de la résolution des conflits, voire à la création d’une communauté d’intérêts stratégiques.