Entre 1999 et 2011, la Côte d’Ivoire a connu plusieurs crises politico-militaires dont la particularité réside dans le niveau d’engagement inédit des forces de défense et de sécurité. L’intervention directe de la grande muette dans la vie politique a nourri, à partir de la rébellion armée de septembre 2002, de nombreuses réflexions visant à endiguer ce nouveau type de phénomène. La flamme de la paix organisée en 2007 à Bouaké s’était donc inscrite dans cette dynamique. Elle visait principalement à mettre fin à l’état de belligérance entre l’armée nationale et la rébellion en vue d’aboutir à la réunification du pays. Mais, cette initiative n’a pu produire les résultats escomptés. En effet, le statu quo ante a globalement perduré jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle de 2010 qui a malheureusement ouvert la voie à la crise post-électorale de 2010-2011. Les enseignements tirés de ces nouveaux affrontements entre les principaux protagonistes militaires de 2002 ont en partie justifié la nécessité d’une réunification des deux armées belligérantes.
Cette entreprise a été rendue possible grâce à l’ordonnance n° 2011-33 du 17 mars 2011 portant unification des forces armées nationale de Côte d’Ivoire (FANCI) et des Forces Armées des forces nouvelles (FAFN). Elle a été renforcée en 2016 par l’adoption de la loi n° 2016-414 du 15 juin 2016 portant organisation de la Défense et des Forces armées de Côte d’Ivoire qui a consacré, entre autres réformes majeures, le changement d’appellation des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pour devenir Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI), la réorganisation des commandements des armées avec un Etat-major Général des Armées et un Etat-major pour chacune des armée, à savoir l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air, la Marine Nationale et les Forces Spéciales. À ces réformes, s’ajoutent d’autres dont le nombre total est estimé à 108 dans le secteur de la sécurité, suite à l’adoption de la loi n° 2016-09 du 13 janvier 2016 portant programmation des forces de sécurité intérieure pour les années 2016-2020. Cependant, en dépit de cette volonté de redynamisation des forces de défense et de sécurité, des sites militaires et policiers ont fait l’objet de plusieurs attaques entre 2012 et 2021, remettant ainsi au cœur du débat national la nature des rapports entre l’armée et le peuple.
En d’autres termes, des interrogations se font désormais insistantes sur la pertinence de l’approche de la politique de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire, en particulier dans son articulation avec la protection des droits de l’homme. C’est à cette problématique que le Laboratoire d’Études Constitutionnelle, Administrative et Politique (LECAP), en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer via son Programme SIPODI, souhaite apporter des éléments de réponse à travers l’organisation de son Deuxième Café Géostratégique autour du thème « La politique de défense et de sécurité de la Côte d’Ivoire ». Cette activité mobilisera deux panels dont les communications porteront respectivement sur « les forces de défense et de sécurité et l’idéal républicain » et « la Loi n° 2016-09 du 13 janvier 2016 portant programmation des forces de sécurité intérieure pour les années 2016-2020 ».
Ce deuxième Café Géostratégique a pour but principal de contribuer à l’animation d’un espace de débat et de réflexion sur la question de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire au sein de l’UFR des Sciences Juridique, Administrative et Politique de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.