Le judaïsme d’Afrique vu du Maroc – Identités et patrimoine de la profondeur africaine du Maroc

La Fondation Konrad Adenauer, Maroc-Mauritanie, le Centre d’études et de recherches sur la culture et le droit hébraïques au Maroc, la Maison Maroc pour la paix et l’Association Essaouira Mogador ont organisé conjointement une rencontre scientifique internationale sous le thème : « Le Judaïsme d’Afrique vu du Maroc - Identités et patrimoine de la profondeur africaine du Maroc » à Bayt Al Dakira à Essaouira du 9 au 10 février.

Cet événement s’est concentré sur le dialogue interreligieux, en particulier la coexistence et l'échange interculturel. Le Maroc a été placé au cœur des réflexions en tant qu'exemple positif de cohabitation réussie entre différentes cultures et religions, notamment le judaïsme et l'islam. En effet, Essaouira, ville et lieu de la rencontre scientifique, reflète pertinemment ces liens interculturels et interreligieux avec son histoire culturellement riche et variée. Ghita Rabouli, directrice de Bayt Al Dakira, a souligné l'attraction cosmopolite particulière de la ville, qui a attiré des gens de presque toutes les nations, venus découvrir Bayt Al Dakira.

Afin de mieux comprendre les dimensions et les contextes historiques, philosophiques et contemporains du judaïsme en Afrique, des exposés de différents experts sur le sujet se sont enchaînés tout au long des deux jours de la conférence scientifique.

André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a évoqué dans ses interventions le lien historique entre Essaouira et le Cap-Vert, remontant au XVIIe siècle, à travers la migration juive de la ville vers l'État insulaire, contribuant ainsi pendant des siècles à un échange économique et culturel entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne. Outre cet aspect de la migration, M. André Azoulay a également souligné le soft power ou la soft diplomacy dont bénéficie le Maroc en raison de ses valeurs de médiation avec l'extérieur. Le Maroc est ainsi vu internationalement comme un lieu de rencontre pour des cultures et des religions diverses, avec le potentiel de promouvoir la coexistence pacifique. Cela se fait aussi au regard de l'actualité, notamment du fait que Bayt Al Dakira à Essaouira est devenu un lieu de rencontre pour des Israéliens et des Palestiniens.

Miloud Loukili, Professeur à l'Université Mohammed V - Rabat, a abordé les liens intra-africains du Maroc ainsi que sa position dans l'espace international, en se référant à une citation de l'ancien roi du Maroc Hassan II : « Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe ». S'appuyant sur cette citation, Loukili a évoqué l'intégration multidimensionnelle du pays dans le contexte international, tout en soulignant la fierté de l'identité africaine. Abdellah Ouzitane, Président-fondateur du centre d'études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, a complété ces analyses en observant la force mobilisatrice de l'Afrique et en appelant à la poursuite du chemin de la paix.

En ce qui concerne les identités africaines, l'artiste Ras Daveed a apporté une autre contribution importante à la conférence scientifique en appelant à la déconstruction des structures et des modes de pensée coloniaux. Selon lui, l'Afrique est à la fois un espoir et un avenir après la lutte contre la colonisation. André Meunié, Professeur à l'Université de Bordeaux, a contribué à ce débat en lançant l'idée d'un double master franco-marocain en économie de développement entre les universités de Bordeaux et de Rabat, qui devrait produire ses premiers diplômés au cours des prochaines années.

Dans son discours de clôture de la conférence, Steven Höfner, Représentant résidant de la Fondation Konrad-Adenauer, a parlé d'une rencontre historique qui a apporté de nouveaux éclairages et de nouvelles perspectives sur le thème du judaïsme en Afrique et a également souligné le rôle important de la jeunesse d'Essaouira, qui portera, en particulier à l'avenir, les valeurs de la coexistence et du dialogue interculturel.