Cet ouvrage s’interroge sur la représentation des femmes au sein des partis politiques marocains. Le Maroc est une monarchie parlementaire où la chambre basse du Parlement est élue au scrutin proportionnel. La question s’inscrit dans lecadre des engagements constitutionnels et internationaux du Maroc. Pourtant, dans son dernier rapport sur le genre au Maroc (1), la Banque Mondiale note « qu’en dépit de l’importance des avancées enregistrées en matière de réduction des disparités entre les sexes, les femmes marocaines continuent de faire face à d’importants obstacles qui entravent leur participation sociale, économique et politique,» (2) rejoignant en cela d’autres pays à revenu intermédiaire et de la région Afrique du Nord Moyen Orient (ANMO). Ce retard relatif se reflète, nous le verrons, sur les questions de réalisation de la parité dans les domaines de la participation et de la représentation politique, bien que le Maroc ait accompli d’importants progrès dans ce domaine. Et, si la question de la représentation des femmes au sein des partis politiques marocains est importante, y répondre s’avère compliqué, pour deux raisons principales.
Une première difficulté concerne l’extraordinaire richesse de l’offre politique. Dès la période du Protectorat, le Maroc a vu se créer de nombreux partis. Aujourd’hui encore, la scène partisane marocaine est caractérisée par une offre extrêmement diversifiée, avec 30 partis candidats aux élections législatives de 2021. Le prix de cette richesse est une certaine complexité : il est parfois difficile de se retrouver dans un si grand nombre de partis politiques. Cet ouvrage fait le choix de documenter uniquement les partis politiques représentés au Parlement depuis 2002, période de consolidation de la démocratie au Maroc.
L’autre difficulté concerne l’accès aux sources. Peu de partis disposent d’une organisation structurée et centralisée, avec pour conséquence beaucoup de variation dans la tradition d’archivage et l’ouverture des partis à la communauté scientifique.
De même, les archives des instances politiques nationales, telles que la Chambre des Représentants sont très incomplètes pour toute la période pré-2007. Parmi les organisations que nous avons considérées, nombreuses sont celles qui sont peu documentées. De plus, certains systèmes d’idées et de concepts, à l’instar de l’idéologie ou les grandes familles politiques qui constituent le Maroc, font encore, à ce jour, l’objet de débats. Cet ouvrage fait le double choix de l’objectivité et de l’exhaustivité. Nous avons ainsi considéré les archives de ces partis et des instances politiques
nationales (Gouvernement, Parlement), puis, à défaut, la littérature académique et, enfin, Wikipédia.
Notre analyse procède en deux temps. Nous présentons d’abord une description de la représentation politique des femmes au sein des instances politiques nationales, en considérant leur représentation au Gouvernement, au Parlement, et au sein des bureaux politiques que nous avons pu obtenir auprès des partis politiques. L’analyse révèle que la représentation féminine a largement augmenté sur la période, reflétant
une tendance mondiale. Le Maroc s’inscrit d’ailleurs aujourd’hui parmi les leaders régionaux en termes de représentation féminine. Si ces efforts s’imposent à tous les partis, notamment à travers une politique de quotas de plus en plus ambitieuse, l’analyse des pratiques internes des partis, reflétées par la composition de leurs bureaux politiques, suggère des différences persistantes entre les partis.
Nous nous penchons ensuite sur chacun des partis politiques marocains représentés au Parlement depuis 2002 avec la volonté de retracer toutes les informations disponibles sur ces formations, y compris les circonstances qui ont donné lieu à leur naissance, et qui nous ont permis de créer leur arbre généalogique, mais aussi de comprendre les alliances qu’ils ont pu former, et les grands groupes politiques auxquels elles appartiennent. Nous donnons une importance particulière au genre, et détaillons, pour chaque parti, la part de représentants parmi les représentants parlementaires et gouvernementaux.
1 - Le Maroc garantit dans l’article 19 de sa Constitution l’égalité des hommes et des femmes en termes de libertés et de
droits politiques, et s’engage pour la réalisation de la parité. Le Maroc est membre de la Convention sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) depuis 1993.
2 - Marotta, Daniela. 2016. Maroc : équilibrer les chances - renforcer l’autonomisation des femmes pour une société plus
ouverte, inclusive et prospère. World Bank Working Paper no. 103907.
