Le Bureau régional Etat de droit de la Fondation Konrad Adenauer en partenariat avec OCEANIUM de Dakar, a organisé un déjeuner autour de la lancinante question de l’implémentation de la loi sur le plastique au Sénégal : Deux ans après, le 22 novembre 2022, au Radisson Blu Hôtel, Dakar.
Cette rencontre dédiée à l’environnement au Sénégal a pu réunir d'éminentes autorités dont les missions se rapportent en grande partie à la protection de l’environnement, sans oublier la société civile sénégalais, des organisations pour la protection environnementale ainsi que des acteurs isolés engagés dans la cause.
Les échanges se sont succédaient en trois temps faisant ainsi allusion aux trois étapes d’un déjeuner communément appelés : Entrée, plat principal et dessert.
Acte I : L’Entrée
La projection d’un film de sensibilisation et d’état des lieux a lancé cette activité. Le visionnage a suscité beaucoup de questions auprès de l’audience et d’émotions. Les discours d’ouverture se sont ensuite enchaînés. En premier le Directeur du Bureau Etat de droit de la Fondation Konrad Adenauer. Monsieur Ingo Badoreck s’est intéressé au décors presque normal dans nos rues des sachets plastiques, de sa vente et son utilisation abondante alors que la loi l’interdit expressément. Il est largement revenu sur l’impact de cette image sur la santé, l’économie du fait du tourisme et surtout de la qualité de l’écosystème.
Madame Angèle Lecomte a axé sa communication sur le rôle des organisations telle que l’OCEANIUM dans la protection de notre écosystème terrestre et maritime par une action concertée et permanente. Cela fait partie des missions de l’ONG qu’elle dirige et cela depuis des années. Elle souligne l’impact nocif sur lequel aujourd’hui, on devrait se concentrer sans oublier les gestes qu’il faut adopter dès maintenant.
Acte II : Le plat principal
Cette étape a introduit la communication de Monsieur Baba Dramé. Il a concentré son intervention sur les contextes et enjeux de l’application de la loi N°2020-04 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques, qui se rapportait surtout au renforcement d’une première loi de 2015 relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution de l’utilisation des sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastique. En effet, pour le Directeur de l’environnement et des établissements classés, la loi 2020 était en quelque sorte une réponse face au fléau et l’impact dégradant du plastique sur les écosystèmes. Il précise les objectifs et le périmètre de la loi en ce qu’elle visait à assurer la prévention et la réduction de l’impact sur l’environnement et la santé humaine des produits en plastique, par ailleurs la gestion écologiquement rationnelle des déchets plastiques. Mais tout cela devrait s’appliquer aux produits constitués ou fabriqués à partir de matières plastiques, qu’ils soient ou non à usage unique et aux déchets qui en sont issus. A cet effet, dans la campagne de mise en œuvre et de contrôle, le ministère a mené 182 opérations sur l’étendue du territoire national, sur lesquelles 69,5194 tonnes de produits plastiques furent récupérées et dont le montant de 13.950.00 francs CFA furent infligées à des contrevenants comme amendes. Cependant, il rappelle aussi le contexte difficile d’application de la loi, en ce qu’il coïncidait avec les débuts de la pandémie au Sénégal, une économie fortement marquée par l’informel ; les grands utilisateurs et revendeurs des produits plastiques. A cette situation, il reconnaît que l’Etat a été souple dans la répression car interpellé par d’autres enjeux.
Il termine son allocution en dégageant les perspectives, en cela il appelle aux investissements pour la mise en place d'infrastructures de traitement des déchets plastiques mais également aux acteurs de soutenir les initiatives de mise sur le marché de produits alternatifs. Sur le plan international, penser à un accord juridiquement contraignant sur la pollution plastique, pour ainsi faire allusion aux nombreux déchets jetés en mer par des bateaux provenant des pays de l’occident.
Acte III : Le dessert
Cette étape était l’occasion pour les participants de réagir à l’intervention de M Dramé. Les interpellations furent nombreuses et très intéressantes avec beaucoup de révélations et des chiffres en appui.
A cet effet, le Directeur exécutif de l’Action pour la Justice Environnementale - AJE a réagi sur les difficultés de mise en œuvre, à son avis les communautés de bases devaient être beaucoup plus impliquées pour accompagnées l’application et le changement de comportement.
Madame le député sortant, Marième Soda Ndiaye en prenant la parole rappelle à l’audience, les circonstances de vote de cette loi ainsi que l’espoir qui y avait été placé. Dans sa prise de parole, elle précise que le vote est passé à l’unanimité sans opposition, cela laissé transparaître une prise de conscience des représentants du peuple et surtout une volonté réelle d’arrêter ce fléau, elle renchérit pour rappeler au ministère de l’environnement le rôle qu’on attendait d’eux pour l’implémentation mais surtout toute cette politique de réutilisation qui pourrait répondre de manière pertinente à la question des abris provisoire dans les localités éloignées.
Le Directeur du centre de suivi écologique, le Dr. Cheikh Mbow est revenu sur le rôle des acteurs isolés et propose sa structure pour appuyer.