Séminaire
Détails
La crise multidimensionnelle que connaît le Mali depuis 2012 peine à trouver la meilleure voix pour sa résolution. Certains acteurs que sont la société civile et les partis politiques agissent ou réagissent chacun de son côté de manière différente aux sensibilités de l’autre.
Si les partis politiques ont pour vocation de concourir, d’accéder et de gérer le pouvoir, la société civile n’en demeure pas moins, la plus proche des populations et connaissent mieux leurs préoccupations. Ces préoccupations doivent être traduites en différentes politiques sectorielles par les partis politiques à travers leur programme ou projet de société.
Pour ce faire, il est parfois nécessaire que les politiques se rapprochent de la société civile pour mieux appréhender les problèmes afin de trouver des solutions politiques. De l’autre côté, la société civile doit veiller et alerter pour une prise en compte des préoccupations. En outre elle doit se préparer à dénoncer par des moyens appropriés les mauvaises pratiques et autres abus du pouvoir en place.
Au Mali, partis politiques et société civile ont chacun leur propre difficulté. En effet, à titre d’exemple, il n’est pas d’entendre les partis politiques se plaindre du nomadisme politique qui contribue en ce moment à discréditer tous les acteurs politiques auprès des populations et qui réduit le plus souvent à néant tout leur effort. Le rapport de la Conférence d’Entente Nationale qui vient de clôturer en début du mois d’avril en fait une question importante. Il en est de même au sein de la société civile qui au lieu d’être au plus près des intérêts des populations ; ses animateurs en font de véritables entreprises ou d’organisations pour se créer des emplois et qui dépendent uniquement des subventions pour réaliser des actions minimes soient-elles. Ce qui fait qu’elle réagit très peu du cri de détresse des populations, des abus et égarements des pouvoirs publics.
Il existe certes une complémentarité entre les partis politiques et la société civile, mais chacun doit rester dans son rôle et être compris dans ses prérogatives. Cependant, il arrive parfois que certains animateurs de la société civile se retrouvent dans des positions politiques en tant que membre d’un gouvernement ou d’institutions éminemment politiques comme l’Assemblée Nationale. Tout comme il arrive de constater que certains hommes politiques sont des animateurs d’organisations de la société civile. Ainsi, il est facile de relever des amalgames sinon des incompréhensions sur les actions que les uns et les autres pourraient entreprendre. A cet effet, le fossé entre les deux fonctions sinon les attitudes vis-à-vis des missions ne semblent pas être aussi clairs aussi bien dans l’esprit des animateurs de ces composantes que dans celui des populations elles-mêmes, bénéficiaires de leurs bonnes actions.
Comment éviter l’amalgame et mettre en avant les problèmes prioritaires du moment, d’en débattre afin que les populations puissent comprendre les enjeux à chaque fois que l’on se retrouve dans l’une des positions ? C’est la question fondamentale à laquelle il faudrait trouver une réponse. Certes il y a des chemins que la société civile et les partis politiques prennent ensemble, mais aussi il y a aussi des carrefours où ils doivent se séparer.
Résumé de l'atelier:
Une trentaine de participants ont pris part les 03 et 04 mai 2017 à cet atelier organisé par la KAS Mali sur le thème « Pouvoir Politique – Société Civile : complémentarité, subsidiarité ou tremplin » à son siège à Bamako. Les participants étaient composés des représentants des partis politiques, de la société civile, de la CJR ainsi que des chercheurs et universitaires. Dans le but de renforcer les capacités stratégiques des partis politiques et des organisations de la société civile, l’atelier avait comme objectif de réfléchir et débattre sur les rôles de chaque acteurs dans la vie politique et sociétale afin de mieux appréhender les rôles respectifs et les contours de leurs engagements respectifs. Il s’agissait surtout d’orienter les acteurs dans le contexte de la crise actuelle à ne pas perdre de vue les objectifs de la consolidation de la démocratie et de promotion de la bonne gouvernance en fonction de leur spécificité.
Les participants ont discuté sur sept thématiques : « Etat des lieux des organisations de la société civile au Mali : dynamiques, défis et champs d’implications », « Cartographie des partis politiques au Mali : structuration, défis et perspectives dans le contexte post-crise », « Pouvoir Politique – Société Civile : complémentarité, subsidiarité, défis et perspectifs », « Penser et agir pour une nouvelle citoyenneté démocratique et une meilleure gouvernance politique », « Architecture et dynamique des organisations de la société civile au Mali : les atouts et les limites pour la promotion de l’engagement citoyen », « Architecture et dynamique des partis politiques ou des tendances politiques au Mali » et « Les agendas de la société civile et des partis politiques dans un régime constitutionnel en crise : rôles respectifs, rôles conjoints, problèmes prioritaires et limites de leurs actions ».
Dans des débats intenses, les participants ont fait une analyse critique de l’état des lieux des partis politiques et de la société civile au Mali, leur rôle face à la situation sociopolitique du pays et les espaces communs que les uns et les autres pourraient créés pour l’amélioration de la gouvernance et de la démocratie pluraliste au Mali. Les débats et discussions ont été très riches à la lumière des communications qui ont été faites par des personnes de qualité. Un débat sur le fond des rôles des partis politiques et les organisations de la société civile a été jugé nécessaire pour donner plus de chance à la démocratie malienne de se construire. Des recommandations ont été formulées.