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Comptes-rendus d'événement

Gouvernement Essid : entre actions urgentes et réformes

de Marie-Christine Roux, Slim Jaoued

Les deuxièmes « rencontres de Tunis » se penchent sur les 100 jours du Gouvernement

Les 100 jours sont un moment crucial du mandat d’un gouvernement. C’est le moment du premier bilan, celui qui influencera fortement la perception et la marge de manœuvre future de ce dernier. Le gouvernement Essid, en place depuis le 6 février 2015, se trouve aujourd’hui devant cette étape cruciale ; c’est pourquoi la soirée-débat organisée par la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) et Sigma Conseil s’est penchée le 30 avril 2015 en présence de ministres et membres de la société civile, sur le bilan des 100 jours du gouvernement Essid – les actions urgentes et les réformes prises et à prendre.

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Un gouvernement en difficulté, n’ayant pas répondu aux attentes des citoyens

Pour la deuxième fois les deux partenaires ont présenté une étude exclusive sur un thème de l’actualité brulante. Réalisée entre le 25 et 27 avril 2015, sur un échantillon de 1003 personnes dans l’ensemble des gouvernorats Tunisiens, l’étude a révélé qu’au bout de 100 jours, 58,7% des tunisiens ont une perception plutôt négative du rendement du nouveau gouvernement (44% des interrogés considèrent en effet que le gouvernement ne peut se revendiquer d’aucune réalisation). Cette perception est due notamment aux manquements du gou-vernement dans le domaine économique, particulièrement de l’emploi et de la réduction du chômage (33% des Tunisiens trouvent que le gouvernement a jusqu’ici échoué dans ce do-maine) et du pouvoir d’achat.

Malgré une perception globale négative, l’action du gouvernement a été reconnue comme efficace dans le domaine sécuritaire (Près de 20% des interrogés voient le domaine sécuritaire comme principale réalisation du gouvernement), particulièrement l’instauration de la sécurité et la lutte contre le terrorisme comme principale réalisation. Il n’en reste pas moins que pour la grande majorité des interrogés le gouvernement n’a pas réalisé ce qui était attendu de lui, en ce qui concerne notamment la création d’emploi et la réduction du taux de chômage, l’amélioration du pouvoir d’achat, la lutte contre la corruption et la promotion de l’économie nationale. Sur les obstacles qui freinent ou empêchent l’action gouvernementale, les interrogés ont spontanément mis en évidence les grèves (52,5% des réponses) et le terrorisme (21,3% des réponses).

L’étude s’est également penchée sur l’évaluation individuelle des membres du gouvernement. Alors que l’action du gouvernement dans son ensemble est perçue de façon négative, l’action du Premier Ministre, Habib Essid, est évaluée positivement (55,7% des interrogés ont répondu favorablement à la question « Après 100 jours du gouvernement actuel, comment évaluez-vous le rendement du chef de gouvernement Habib Essid? »). Il est également intéressant de noter que 32,5% des personnes interrogées déclarent ne connaitre aucun des membres du gouvernement.

Des ministres confrontés à l’opinion des citoyens

Trois ministres ont accepté de débattre avec les participants des difficultés et des actions à venir du gouvernement, à savoir Saïd Aïdi, Ministre de la Santé Publique, Néji Jelloul, Ministre de l’Education, et Noâmen Fehril, Ministre des Technologies de l’Information et de la Communication.

Au cours de son intervention, Aïdi a insisté sur l’importance d’une vision à long terme pour le gouvernement, notamment en ce qui concerne le domaine de la santé publique. Pour lui, la priorité dans ce domaine doit être donnée à la fois à la prévention, à la recherche et l’innovation, mais également à la gouvernance, notamment au regard du service territorial.

Jelloul a quant à lui soulevé le problème des grèves auxquelles le ministère de l’éducation a été confronté. L’âge de la scolarisation, l’égalité des chances, notamment en cas de handicap, la qualité du savoir dispensé et la question de l’infrastructure dans son ensemble, son administration et son financement, sont les principales difficultés que le ministère doit affronter. Selon Jelloul, il est important que les Tunisiens prennent conscience de l’importance des réformes nécessaires : il est important que les Tunisiens choisissent eux-mêmes les réformes à prendre, qui influenceront directement l’avenir de leurs enfants.

Le déphasage entre les générations, notamment en ce qui concerne l’ère numérique, a été mis en évidence par Fehril. Le gouvernement doit avoir trois objectifs dans ce domaine : rendre l’internet haut débit accessible à l’ensemble de la population, ainsi qu’à l’ensemble des écoles, et l’allégement par le biais du numérique des démarches administratives.

Un jugement sévère au vu de la conjoncture

Pour Radhi Meddeb, Président de l’Association Action et Développement Solidaire, le jugement des tunisiens de leur gouvernement est sévère au regard à la fois de la conjoncture économique et sécuritaire actuelle et le fait que les dernières réformes en profondeur ont été décidées en 1995.

Pour consulter la nouvelle étude, cliquez ici pour la Version francaise et là pour la Version arabe.

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Interlocuteur

Dr. Holger Dix

Dr. Holger Dix

Directeur du programme régional du dialogue politique en Afrique subsaharienne, Directeur par intérim du bureau de la fondation en Afrique du Sud

holger.dix@kas.de +27 11 214 2900 +27 11 214 2914
Comptes-rendus d'événement
25 mars 2015
lire maintenant
Les Rencontres de Tunis, Annonce 30 avril 2015 KAS

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