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Comptes-rendus d'événement

L'eau entre enjeux stratégiques et qualité de vie des citoyen

de Slim Jaoued

5. Veranstaltung der Debattenreihe „Rencontre de Tunis“

La Konrad-Adenauer-Stiftung et Sigma conseil ont organisé leur cinquième édition des « Rencontres de Tunis », à Zarzis en présentant un sondage d’opinion sur “ L’eau en Tunisie, entre enjeux stratégiques et qualité de vie des citoyens”, auprès des tunisiens, et la consultation d’experts en la matière.

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Ce débat a eu lieu au sud tunisien précisément au gouvernorat de Médenine, le choix du gouvernorat a été réfléchi avec le partenaire puisque cette région est touchée considérablement par une crise de pénurie d’eau. Il est à noter que plusieurs régions sont confrontées à ce problème. En outre, la Tunisie depuis 2012 est devant une situation de pénurie d’eau, accentuée par les effets de changement climatiques (augmentation des périodes de sécheresses), par la dégradation des infrastructures (baisse de l’efficience au niveau de distribution) de la Société nationale d’exploitation et de la distribution des eaux (SONEDE) qui est exposée à un déficit hydrique estimé à 460 litres à la seconde, durant l'été de 2017.

L’enquête KAS-SIGMA présentée par M. Hassen Zargouni a fait ressortir, les points suivant :

• 39% des Tunisiens estiment que l’eau en Tunisie est utilisée principalement pour l’agriculture suivie de l’usage domestique avec 26%. On retrouve par la suite le tourisme et l’industrie avec respectivement 18% et 16%, alors que la réalité est toute autre. En effet, 81% pour l’agriculture, 14% pour l’usage domestique, 5 % pour l’industrie, et moins de 1% pour le tourisme, ce qui montre un vrai problème de perception populaire,

• une majorité de 79% jugent que les réserves en eaux de la Tunisie sont insuffisantes. Avec 25% d’entre eux déclarant que les réserves sont très insuffisantes et 54% disent qu’elles sont plutôt insuffisantes, il y ‘a donc une réelle conscience de la problématique,

• en ce qui concerne l’avenir, 63% des répondants sont pessimistes et estiment que d’ici 5 ans les réserves en eaux de la Tunisie seront insuffisantes contre 32% uniquement estiment que les réserves seront suffisantes, d’où le changement du système de l’eau en Tunisie.

La perception du problème de sècheresse et d’accès à l’eau en Tunisie :

• près de la totalité des répondants acquiescent, 92% déclarent que la sécheresse est un véritable problème.

Les enjeux du domaine hydraulique en Tunisie :

selon les personnes interviewées, les principaux enjeux hydrauliques aujourd’hui en Tunisie sont :

• la sensibilisation des citoyens à l’économie de l’eau avec 45% des réponses suivi du fait d’assurer une bonne qualité de l’eau du robinet et la création d’une stratégie d’adaptation à la sècheresse avec respectivement 32% et 30% des votes.

Images perçues de la SONEDE et de l’ONAS (Société publique d’assainissement des eaux usées). Les répondants ont des réponses contrastées en ce qui concerne l’image perçue de la SONEDE :

• 49% des répondants déclarent avoir une mauvaise image de la SONEDE contre 44% qui affirment avoir une bonne image de la SONEDE,

• l’avis des répondants concernant l’ONAS est cependant, plus explicite vu que 53% d’entre eux déclarent avoir une mauvaise image de l’ONAS dont 33% soulignent que c’est une très mauvaise image. 35% uniquement des personnes questionnées estiment avoir une bonne image de l’ONAS.

Puis le débat est entamé, M. Mosbah Helali, le Président-Directeur Général de la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux a rappelé que la SONEDE est un Établissement Public à caractère Non Administratif (EPNA) créé en juillet 1968. En 2018, elle fêtera ces 50 ans d’existence, il est conscient que l’image de la SONEDE est plus au moins touchée, mais il estime que le nombre de pannes enregistrées est au-dessus de la moyenne, comparativement à des pays d’un niveau similaire il y a des problèmes dus :

• à la baisse du niveau des barrages,

• à des perturbations dans l’approvisionnement en eau,

• il est parfois dans l’obligation de procéder au rationnement de l’eau au cours de la pé-riode de pointe de la consommation en été, notamment au courant de la nuit, dans quelques régions, Gafsa, Tataouine et Médenine, et

• un grand problème de défaillance des infrastructures que la SONEDE est en train de résoudre.

M. Mosbah a précisé que la Tunisie depuis dix ans a adopté la stratégie d’augmenter au maximum, l'attribution de concessions dans le secteur de l'alimentation en eau potable par le dessalement des eaux saumâtres ou de l'eau de mer, il a mentionné que grâce à cette journée avec KAS-Sigma, il a pu vérifier l’état d’avancement de la Station de Djerba, qui va résoudre le problème du sud tunisien. Malgré toutes les entraves, la SONEDE a lancé une stratégie pour fournir l'eau potable à toute la population en dépit de la pénurie qui s'accentue de plus en plus surtout au Sud, où les nappes d'eaux souterraines ne sont pas renouvelables et les ressources qui sont limitées avec une qualité chimique dégradable, en précisant qu’il y aura trois autres stations de dessalement d’eau de mer à Sousse, Sfax et Zaarrat, en plus d’une dizaine de petits centrales de dessalement des eaux saumâtres à l’intérieur du pays.

Par la suite, M. Ameur Horchani, Expert mondial, ancien secrétaire d’État chargé des Ressources hydrauliques a fait le point de la situation hydrique en Tunisie :

• le pays compte 130.000 puits et 10.000 forages. Les ressources naturelles en Tunisie (nappes phréatiques et pluie) estimés à 48 milliards de m³/an sont réparties par région économique à hauteur de 59% au nord, 18% au centre et 23% au sud (eaux fossiles), il a précisé que le nord du pays est bien arrosé et que l’eau est très bien gérée au Cap Bon où l’agriculture est très productive, alors qu’au sahel la situation est tendue. Et le sud tunisien pose un grand problème car il manque de ressources,

• le pays dispose de beaucoup de nappes (211), la plupart de ces nappes vivantes qui se rechargent de façon naturelle ou artificielle,

• le pays connaît peu de jours de pluie par an en Tunisie il pleut 40 jours seulement par an, pour cela, il faudra mettre en place toute une stratégie de sortie de crise, en s’inspirant des expériences d’autres pays notamment l’Australie, et

• les situations d’extrême sécheresse ou d’extrême abondance sont fréquentes

Pour l’hydrologue le dessalement et la modernisation de l’agriculture sont les solutions pour l’avenir, il estime qu’il est primordial de lancer des campagnes de sensibilisation car l’eau est un bien qui devient de plus en plus rare et cher.

Concernant Mme Raoudha Gafrej, consultante en matière de politique de l’eau et en hydraulique, cette Experte, n’est pas d’accord avec la politique adoptée par la SONDEDE qui consiste à la création des quatre stations de dessalement. Elle estime que le frein principal à cette technique est le coût énergétique qui s’élève dans le cas de la station de Djerba à 4 kWh par mètres cubes, elle a rappelé que les problèmes de l’eau en Tunisie sont :

• l’inefficience de l’infrastructure, des conduites qui sont vieilles et qui doivent être remplacées, ce qui génère une perte d’eau s’élevant à peu près à 30% des quantités transférées,

• les nappes souterraines qui fournissent environ 80% des besoins de l’agriculture irriguée sont fortement menacées par la surexploitation, et

• une grande fragilité des écosystèmes puisque une augmentation des périodes de sè-cheresses est fatale.

Pour Mme Gafrech, il est primordial que les partis prenantes travaillent la main dans la main dans les domaines de l’eau, de créer des synergies et une cohérence politique entre les agendas des changements climatiques, elle plaide pour une nouvelle approche de gouvernance, des mesures technologiques et institutionnelles résilientes au changement climatique ce qui im-plique un besoin imminent d’une nouvelle politique agricole.

Le sondage choisi par la KAS en accord avec le partenaire Sigma a suscité beaucoup d’intérêts pour les présents. Vers la fin, M. Horchani a rappelé que la Tunisie a été toujours innovante en matière de satisfaction de ses besoins en eau. En précisant qu’un des grands ouvrages hydrauliques à l’actif des Tunisiens, en l’occurrence, l’aqueduc de Zaghouan, construit sur une longueur totale de plus de 100 km, au temps de l’empereur romain Hadrien en l’an 123, qui était considéré à l’époque comme une merveille et un exploit architectural similaire à celui de l’aqueduc de Carthage. La recherche de nouvelles sources d’eau potable telle que le dessalement des eaux saumâtres, constitue l’option à court terme, alors que la recherche de l’efficience des réseaux est l’objectif sur le long terme. Il est à noter que, la politique et l’optimisation de la distribution de construction de barrages est à relancer dans le sud qui est la solution sur le moyen terme.

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Interlocuteur

Dr. Holger Dix

Dr. Holger Dix

Directeur du programme régional du dialogue politique en Afrique subsaharienne, Directeur par intérim du bureau de la fondation en Afrique du Sud

holger.dix@kas.de +27 11 214 2900 +27 11 214 2914

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