Dans les milieux ruraux au Togo, le droit coutumier a conservé tout son poids et son influence sur les populations. Ainsi, en matière de succession, de transmission d’héritage, de propriété, le patriarcat est toujours d’actualité dans les communautés excluant de facto, la femme de toute décision et gestion communautaire.
Selon les données du Groupe de la Banque Mondiale (2020), près de 57% de la population togolaise est rurale et environ 51,1% des femmes travaillent dans l’agriculture contre 48,9% pour les hommes. Malgré cette forte présence des femmes dans l’agriculture, ces dernières ne disposent pas ou, ont difficilement accès à la terre qui constitue en milieu rural, la principale ressource de production. Parfois, si elles y accèdent, le droit de propriété ne leur est pas accordé par le simple fait que la transmission foncière est patriarcale dans les communautés rurales. Même, après l’adoption du Code Foncier et Domanial (CFD) en 2018 - un code qui consacre le droit foncier de la femme au Togo - la situation n’a pas pour autant changé dans certaines communautés rurales où, le droit foncier de la femme peine à être reconnu et où, l’inégalité de genre en matière foncière s’accentue de par certaines pratiques discriminatoires.
C’est dans cette optique que la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) en collaboration avec la Stratégie Nationale d’Engagement (SNE) voudrait réfléchir avec les autorités traditionnelles, détentrices du droit coutumier et garant de la mémoire collective ainsi que des us et des coutumes des communautés, pour agir sur les traditions afin qu’elles soient plus souples et intègrent la dimension du droit foncier de la femme.
Réunis en Assise nationale du 16 au 17 Février 2022, à Roc hôtel d’Atakpamé, ces chefs traditionnels ont présenté chacun selon sa région, les pratiques foncières locales et ensemble au regards des dispositions légales, identifié les pratiques discriminatoires pour les femmes. Ils ont eu à proposer des actions et stratégies à mener pour agir sur ces pratiques en vue d’améliorer la situation de droit pour les femmes. A cet effet, la trentaine d’autorités coutumières présentes a mis en place un Groupe de travail qui devra travailler sur le sujet et œuvrer pour que ces changements soient observables au niveau de la coutume dans les communautés.
La rencontre a pris fin sur des engagements des autorités traditionnelles à faire bouger les lignes du côté de la tradition afin qu’elle soit plus respectueuse de la dignité de la femme togolaise.