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Comptes-rendus d'événement

Effets des Changements climatiques au Benin

de Maria Zandt

Conférence sur le climat avec des représentants de la société civile, des médias et de la sphère politique à Cotonou

Environ 45 participants issus du monde politique, de la société civile, de la recherche et des médias ont pris part au séminaire de la Fondation Konrad Adenauer sur les changements climatiques. En toile de fond, une analyse critique sur les probables impacts du changement climatique sur le développement du Bénin. Les communicateurs ont présenté des scénarios scientifiques et ont sur cette base élaboré des recommandations politiques concrètes.

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Dans son mot de bienvenue, la Représentante Résidente du Programme « Dialogue Politique en Afrique de l’Ouest », Mme Elke Erlecke a soulevé l’actualité et l’urgence du thème du changement climatique, perceptible ces dernières années au Bénin et qui requiert des réponses politiques effectives.

Scénarios des changements climatiques au Bénin

Dans la première communication, le docteur Ernest Amoussou, chercheur à l’institut de recherche sur le climat le CIFRED, a présenté les possibles scénarios des effets des changements climatiques au Bénin. Plusieurs projets de recherches ont montré à long terme une baisse des précipitations. La situation est particulièrement précaire dans la zone sahélienne au Nord Bénin. La petite saison pluvieuse de septembre à octobre pourrait disparaître. De même, on connaîtrait une hausse de température jusqu’à 2,5° C. Déjà dans la période de 1971 à 2000, on a remarqué une réduction des pluies, comparativement à la période de 1941 à 1970, et ceci dans toutes les communes. Il a pour conclure trouvé insuffisantes les réponses politiques jusqu’ici apportées au phénomène des changements climatiques déjà perceptibles.

A terme, la sécurité alimentaire ne sera plus garantie au Bénin

Le docteur Euloge Ogouwalé, également chercheur au projet de recherche sur le climat, a axé sa communication sur les conséquences des changements climatiques dans le secteur agricole au Bénin. Avec une augmentation de température allant jusqu’à 2,5° C combinée avec moins de pluies, jusqu’à 60 pourcent des populations pourraient souffrir de faim dans la partie septentrionale. Dans la partie centrale du Bénin, on pourrait atteindre environ 25 jusqu’à 30 pourcent des populations. Très peu de réflexions ont cependant été menées sur l’adaptation des produits agricoles, comme par exemple la culture de denrées qui nécessiteraient moins de temps pour leur moisson en vue les saisons pluvieuses de plus en plus courtes.

La déforestation actuelle en particulier par des commerçants asiatiques, qui exportent ensuite le bois vers la Chine ou l’Inde, et l’exploitation des réserves d’eau déjà limitées, constituent une grande menace pour l’écosystème et la biodiversité au Bénin. En Afrique au Sud du Sahara, environ 2.000 espèces animales et 1.700 plantes seraient menacées de disparition.

Les communes devraient être particulièrement impliquées dans la prévention et les politiques d’adaptation, mais elles manquent de ressources humaines et financières à cette fin. Il faudra également s’investir dans une sensibilisation et une éducation respectueuse de l’environnement au niveau des enfants et des adolescents.

Les conditions météorologiques extrêmes auront des conséquences sur les ressources en eau

Les conséquences des changements climatiques sur les ressources en eau et l’approvisionnement en énergie étaient au centre de la troisième communication du docteur Henri Totin (CIFRED). Le Bénin dispose d’importantes sources en eau et en énergie au Sud, tandis que le Nord en est moins pourvu. Après chaque saison pluvieuse ou sèche, le niveau de l’eau varie considérablement, ce qui laisse déjà présager les premières prévisions en cas de baisse des pluies. Il faudra s’attendre à une fourniture d’eau restreinte, particulièrement dans le nord. Une meilleure gestion de la distribution d’eau et de son recyclage est indispensable à l’avenir.

D

e grands changements sont également à noter dans le secteur de l’énergie. Le Bénin reçoit l’essentiel de son énergie électrique de deux centrales basées au Togo et au Ghana. Avec des cours d’eau moins abondantes, l’approvisionnement pourrait s’estomper. C’est pourquoi il est nécessaire de réfléchir dès aujourd’hui aux énergies renouvelables. Au Bénin par exemple, s’offre une grande possibilité d’utilisation de l’énergie solaire, encore faudrait il que l’investissement suive. L’utilisation du biogaz comme source d’énergie pourrait aussi s’intensifier.

Le Bénin doit s’attendre à de nouvelles inondations

Constant Houndehou, chargé des questions de climat et d’environnement au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a dans l’après midi développé les problèmes causés par le changement climatique dans les zones côtières. Ces dernières années déjà, plusieurs hectares ont été engloutis par l’érosion côtière. On estime que d’ici 2050, 49 hectares de terre vont se retrouver en mer, avec plusieurs quartiers de la ville de Cotonou. Comme déjà en 2009 et 2010 il faudra, avec des conditions météorologiques extrêmes, s’attendre à des inondations. Celles de 2010 ont causé des dommages qui s’élèvent globalement à environ 200 millions d’euro. Les régions côtières doivent profondément revoir leurs infrastructures et leur système de gestion des catastrophes. Dans ce sillage, un projet financé par la banque mondiale (PUGEMU) apporte depuis peu de temps son aide au Bénin. D’autres actions importantes doivent être menées, notamment en matière de collecte et de traitement des ordures, ce qui résorberait le problème des innombrables sacs en plastique qui bloquent les canalisations et empêchent le drainage des eaux et conduit à des inondations. Le risque des inondations va de paire avec un autre grand risque, qui est celui des maladies, favorisées par de mauvaises conditions d’hygiène. Sur ce point il y a beaucoup à faire tant au plan local qu’au plan national.

La lutte contre le changement climatique devrait commencer au Bénin

Enfin, le chef des négociations pour le Bénin, monsieur Djibril Ibila du Ministère de l’Environnement a fait le point des négociations sur le climat à Durban ainsi que le projet d’adaptation au changement climatique en cours d’exécution au Bénin. Les discussions en Afrique du Sud ont fait attacher du prix aux négociations politiques et géo stratégiques. Ainsi, les pays émergents à l’image de la Chine et l’Inde n’ont pas intérêt à une réduction des émissions de CO2. Sur ce point, les pays africains sont plutôt allés dans le même sens que l’Europe, car c’est l’Afrique qui finalement devrait subir le plus de conséquences des changements climatiques.

Pour ce qui concerne le Bénin, il s’agit beaucoup plus d’une adaptation rapide aux changements climatiques. Plusieurs projets internationaux apportent leurs appuis dans ce sens. C’est ainsi que le Bénin a été choisi pour être l’un des pays pilotes de l’UNITAR, dans le renforcement de capacités en matière de climat.

Dans sa synthèse des différentes communications, le professeur Michel Boko, directeur du laboratoire de recherche CIFRED et modérateur de la conférence, a mis en relief le manque de responsabilité des Béninois eux-mêmes. Il y a un manque d’approche participative des politiques, des médias, de la société civile et même de la population contre les effets des changements climatiques. Il manque également à la politique nationale des approches cohérentes pour une bonne mise en valeur et organisation du pays. Un déficit de ressources humaines et financières frappe aussi les autorités locales. Bien que la société civile et les médias jouent un rôle important dans la sensibilisation de la population, il a regretté qu’aucun des parlementaires invités ne soit venu. Ceci dénote leur manque d’intérêt pour un sujet d’avenir si crucial.

Maria Zandt, Représentante Adjointe au Programme régional a dans son mot de clôture insisté qu’il est important de s’attaquer au problème maintenant et non dans 20 ans, et que les hommes politiques, les médias et la société civile, chacun apporte sa contribution à la prévention et à l’adaptation aux changements climatiques.

La conférence, à travers les différentes communications a contribué à une meilleure compréhension des effets envisageables des changements climatiques dans les différents secteurs de la vie publique au Bénin. Les représentants des ONG, des médias et de l’organisation faîtière des communes du Bénin ont salué cette initiative de la Fondation Konrad Adenauer consacrée aux changements climatiques et ont demandé la tenue d’autres rencontres de ce type. Un premier pas vient d’être franchi par la réalisation d’une étude basée sur les résultats de cette journée de réflexion.

Traduction de l’allemand Raoul Ahovey

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