Comptes-rendus d'événement
C’étaient les questions à aborder à la table ronde portant sur l’agriculture dans le cadre des négociations ALECA entre la Tunisie et l’UE. Après plusieurs rondes de négociation, il s’agit maintenant de se focaliser sur les domaines les plus sensibles pour l’agriculture tunisienne et ainsi définir une stratégie commune tunisienne à présenter dans les négociations avec l’UE.
Après les allocutions d'ouvertures par Ghazi Ben Ahmed (Président de MDI), Holger Dix (Représentant Résident de la Fondation Konrad Adenauer) ainsi que Karim Daoud (Président SYNAGRI), la table ronde a été introduite avec deux Key Note Speakers.
Dacian Ciolos, ancien Premier Ministre de Roumanie et ancien Commissaire européen de l’agriculture, a rappelé que l’ALECA ouvre aussi une nouvelle direction politique de sorte que les reformes dans le cadre de l’accord aboutissent à l’amélioration des institutions et de la compétitivité tunisienne et ce, en adoptant les standards de produits aux normes internationales. Ceci ouvrira des perspectives sur plusieurs marchés internationaux. Pour la Tunisie il serait impératif de définir en avant une vision de l’agriculture tunisienne avec ou sans l’accord de libre-échange. Ciolos a remarqué que le lancement des réformes dans le secteur agricole serait aussi utile pour négocier le temps de transition démocratique tunisienne pour obtenir un soutien financier du côté européen sur les 5 à 10 ans.
Outre les réformes, il est nécessaire d’investir de surcroît, particulièrement dans les ressources humaines et non seulement dans la technologie pour rendre les exportations tunisiennes plus compétitives à l’échelle internationale après leur transformation. Ceci permettra entre autre de mieux s’adapter aux modèles de consommation européens, par exemple à la demande croissante de produits bio et de terroir.
Le secrétaire d’État Hichem Ben Ahmed (Négociateur en Chef de la Tunisie) a souligné qu’une des priorités dans les négociations serait de prendre soin des catégories les plus vulnérables ainsi que les défis environnementaux auxquels l’agriculture tunisienne fait face. L’UE n’aurait alors pas un intérêt à seulement imposer de règles à la Tunisie.
Il s’enchaine avec la présentation des statistiques d’une étude quantitative parue en mars 2018, à travers laquelle Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, a montré l’évaluation de la situation des exploitations agricoles en Tunisie et la perception de l’ALECA auprès des agriculteurs.
81% des agriculteurs vendent leurs produits sans aucune transformation malgré que la plupart d’entre eux sont intéressés par des activités de transformation.
64% des interrogés déclarent qu’ils soient convaincus que leurs produits auraient un potentiel à l’export et alors 60% voulaient aussi concéder une partie de leurs produits au commerce international. Quand-même ils ne mettent pas les exportations en pratique en raison de leur faible production, le manque de conseil, ainsi que les coûts supplémentaires.
Un autre problème rencontré dans l’étude est la faible adhésion des producteurs aux coopérations agricoles. Bien que 65% soient généralement pour cette sorte d’organisation, seulement 17% adhèrent à une coopération. Ceci est dû au manque de confiance, de qualification et de coopératives en général.
Peut-être le plus primordial dans la discussion de l’ALECA est l’évaluation de la politique agricole du pays et l’évaluation de l’ALECA. Selon l’étude, 78% des agriculteurs sont insatisfaits de la politique agricole tunisienne en raison du taux d’intérêt des crédits agricoles, les procédures d’octroi de crédits et les droits de douane. Concernant l’ALECA, une très faible parti des interrogés ont déjà entendu parler de l’ALECA, à savoir 10%. Ils estiment que l’accord est bénéfique plutôt pour les grandes exploitations et le secteur agricole tunisien en général, mais n’est pas profitable pour les petits agriculteurs et le consommateur tunisien. Pour les détails de l’étude, merci de télécharger le rapport complet sur le site d’internet de la KAS. Les sessions plénières suivantes ont aussi invité l’audience à entrer en débat avec les interlocuteurs. Dans la première séance sur « agriculture, vision, défis, et perspectives» le premier panel a donné un aperçu sur leurs positions suivi par la deuxième session « Agriculture, potentiel et niches » sous la modération de Karim Daoud.
Les pénalistes ont été globalement d’accord que l’ALECA représente une véritable chance pour la Tunisie à lancer des réformes dans le secteur agricole. Comme l’UE reste le marché cible avec environ 500 mio. de consommateurs et en prenant en considération la proximité relative de la Tunisie à l’Europe, une ouverture sous l’accord pourrait être profitable. Tout de même, ceci se produira seulement si certaines questions seraient abordées au préalable, par exemple une meilleure organisation dans les coopératives, une amélioration du marketing des produits tunisiens, l’implication de petits producteurs ainsi qu’une identification plus claire des marchés de niche en Europe en ligne avec les potentiels uniquement tunisiens.
La table ronde a été conclue en constatant que tous les points importants pour l’ALECA sont déjà là et que maintenant il s’agit de les rassembler et alors commencer les réformes de manière pragmatique dans quelques secteurs cibles au début. Les médias, notamment les chaines nationales de la télévision et la presse écrite ont diffusé le message clé du M. Ciolos : Il faut trouver une stratégie pour l’agriculture tunisienne pour les 20 prochaines années. Il faut les réformes – avec ou sans l’ALECA !